Dans ma pratique de thérapeute, je constate que les émotions sont souvent sources de perturbations, soit parce qu’elles sont vécues comme envahissantes et dérangeantes, soit parce qu’elles sont retenues ou refoulées et entraînent alors des troubles psychosomatiques.
Or, l’émotion n’a pas à être jugée, brimée, étouffée… elle a juste besoin d’être écoutée pour se libérer et s’apaiser. Il suffit d’accueillir réellement chaque émotion qui se présente, comme on ouvrirait la porte à un ami en détresse qui tambourine à notre porte depuis longtemps : je dis un grand « Oui » à l’émotion, je lui souhaite la bienvenue, je la prends dans les bras comme un ami en pleurs ou en colère, et je la laisse se manifester complètement en moi.
En accueillant ainsi l’émotion, je la vois comme une manifestation de la vie qui me traverse : l’émotion ne peut dès lors plus me déranger, bien au contraire, elle contribuent à ma beauté et mon humanité, je peux vivre une émotion même puissante sans qu’elle ne me dévaste ni ne me coupe de ma tranquillité sous-jacente.
Les émotions peuvent enfin être reconnues pour ce qu’elles sont : des énergies intenses et vibrantes à reconnaître et à célébrer en soi et chez tous les êtres vivants.
C’est tout l’objet du yoga des émotions présenté ci-dessous, et que je vous propose d’explorer en consultation, en stage, et dans les ateliers de méditation en ligne.
LE YOGA DES ÉMOTIONS
Le principe de ce yoga est simple : une émotion a juste besoin d’être reconnue et pleinement vécue pour jouer sa fonction d’appel à l’action et suivre son déroulement naturel. Pour cela, il suffit (et c’est tout un art, qui s’apprend et se cultive) de sentir comment l’émotion se manifeste dans le corps, par des modifications de la respiration, des changements de température ou de tonicité, des tensions, du relâchement, …
Le terme « yoga » utilisé ici, dont la racine sanscrite signifie « relier », décrit bien l’approche consistant à se connecter, à « faire corps » avec l’émotion qui est en train d’être vécue.
Le secret de ce yoga consiste à être attentif à toutes ces manifestations physiques dès le début de l’émotion, par exemple quand la colère commence à monter et qu’elle n’est encore qu’une sorte de changement climatique dans notre météo intérieure : c’est souvent à ce moment-là que notre chat ou nos enfants, qui sentent bien avant nous que l’orage va exploser, quittent discrètement la pièce ! En effet, nous ne sommes souvent conscients de l’émotion qu’au moment où elle atteint son apogée, quand la colère explose dans cet exemple. Et c’est toujours trop tard, comme quand nous découvrons que le lait bouillant déborde de la casserole…
Autre secret : accompagner l’émotion jusqu’à sa toute fin, en sentant comment les manifestations physiques s’atténuent naturellement, sans chercher à écourter l’émotion ni à la prolonger artificiellement. Quand l’émotion s’est complètement achevée, on peut alors goûter la tranquillité qui suit immédiatement la libération de l’émotion. Et rester attentif à la prochaine émotion qui, faisons confiance à la vie, ne manquera pas de nous visiter bientôt.
Est-il souhaitable d’extérioriser l’émotion ?
Si la situation le permet, si l’entourage peut accueillir l’émotion, il est bénéfique de laisser couler des larmes, d’exprimer la colère, la peur, le dégoût, … et la joie, bien sûr, qui peut, comme toutes les autres émotions, être retenue inconsciemment. Si l’environnement ne permet pas l’expression de l’émotion, on pourra la vivre pleinement en restant en contact avec ses manifestations physiques à chaque phase de son déroulement : si par exemple je ressens une grande tristesse dans une réunion de travail qui ne se prête pas aux manifestations émotionnelles, je pourrai prendre un temps pour sentir comment la tristesse se vit en moi, comment elle affecte la respiration, sentir le poids sur la cage thoracique, percevoir comme des larmes qui coulent à l’intérieur.
L’accueil que j’offre à l’émotion qui me traverse, et l’intimité corporelle avec laquelle je la vis, ont plus d’importance que son extériorisation éventuelle.
Est-il nécessaire de comprendre d’où vient l’émotion ?
Là aussi, la finesse du ressenti de l’émotion qui me traverse a plus d’importance que la compréhension que je peux en avoir. C’est en sentant pleinement, concrètement, comment se manifestent en moi la tristesse, la colère, la peur, c’est en donnant totalement à ces émotions l’espace pour se déployer, en m’abandonnant à elles, que je pourrai leur donner la possibilité de se libérer. Alors, avec cette libération des émotions, pourra se présenter une compréhension lucide de leur origine : un besoin non satisfait[i], une situation conflictuelle, un traumatisme, … Plus je reconnaitrai clairement, en les vivant, les émotions qui m’habitent, plus j’aurai de chances de comprendre leur origine, et de trouver les solutions pour satisfaire le besoin correspondant, résoudre le conflit, guérir le traumatisme.
Il est possible aussi qu’aucune cause évidente de l’émotion ne se présente : il ne me restera plus alors qu’à goûter la tranquillité qui suit l’instant où l’émotion s’est libérée d’elle-même, sans avoir eu besoin de comprendre pourquoi elle m’encombrait.
Est-il nécessaire d’identifier l’émotion qui me traverse ?
Avec la pratique régulière de ce yoga, il vient un moment où il est même difficile de distinguer quelle est l’émotion qui se présente : je peux juste sentir une variation subtile de mon climat émotionnel, sans que je sache précisément s’il s’agit de joie, de nostalgie, de gratitude,… : c’est très bien, je sais juste que je suis touché, j’accompagne sensoriellement les mouvements énergétiques qui se présentent et je les laisse se déployer librement jusqu’à leur retour à la tranquillité.
Ce yoga se pratique dans votre vie quotidienne, quand une émotion, même fugitive, vous traverse.
Vous pouvez aussi le pratiquer comme une méditation, en vous remémorant une situation qui génère une émotion avec laquelle vous êtes mal à l’aise.
Pour les émotions que vous avez du mal à ressentir, je vous conseille de pratiquer ce yoga en regardant un film qui vous aidera à entrer en contact avec l’émotion correspondante : un thriller pour explorer la peur, un mélo hollywoodien pour la joie et la tristesse, et pour la colère, un documentaire d’investigation sur les dessous de la politique ou du commerce.
Extrait de mon livre “S’unir au vivant », chez Flammarion[
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